Moi, celle qui ne sert à rien, l’insignifiante, j’ai osé un acte « de rien du tout » et suis étonnée des répercussions de ce tout petit acte. Que ce témoignage donne le courage à plein de monde de réaliser des tous petits actes car personne ne connait à l’avance la portée de ces actes.

Cela s’est passé lors du 1er confinement en mars 2020 et a commencé par un vilain jugement sur mes voisins turcs que je voyais se promener en groupes et avec du monde sur leur terrasse : »ils n’ont vraiment rien compris au principe du confinement« . Mais quand même, je l’aime bien cette famille, alors, j’ai essayé de comprendre et il se trouve que le frère du mari et sa famille étaient venus pour un mariage et se sont retrouvés bloqués en France. Ils étaient ainsi confinés à 8 dans un appartement de la taille du mien où je vivais seule. Un jour, j’ai eu tant de peine pour la mère de famille qui devait nourrir tout ce monde que je leur ai fait et apporté une très belle tresse à la fleur d’oranger. Geste assez anodin qui m’a fait plaisir. Il se trouve que la famille a finalement été rapatriée en Turquie et cet automne, je me suis retrouvée dans le salon de mes voisins à prendre un café. C’est là qu’ils m’ont raconté que la photo de ma tresse maison offerte a fait le tour du village turc via Facebook. Tout le village connaît l’histoire de cette voisine française qui ramène cette pâtisserie à une famille turque : geste quasi incompréhensible pour eux qui croyaient que les leurs vivaient en France presque en « terrain ennemi », mal acceptés. Et depuis, à chaque coup de fil, la famille turque prend de mes nouvelles. J’étais très touchée d’apprendre cela et me dit qu’à ma mesure, j’ai contribué au rapprochement des peuples et peut-être que, si un jour un étranger passera par se village turc, il lui sera fait bon accueil.

Sabine