Qu’est-ce qui me ferait du bien, là, maintenant?
Masque de protection obligatoire! c’est dit.
Enthousiaste dans l’idée d’apporter une petite contribution d’aide à mes proches, je confectionne des masques en tissu pour la famille.
Les journées passent au rythme de plus en plus cadencé de la machine à coudre. Il faut agir vite pour protéger.
Au fur et à mesure, je sens ma joie diminuer dans ces gestes répétitifs d’assemblage de bouts de tissus blancs qui n’inspirent ni élégance ni créativité.
Mes doigts s’engourdissent, se raidissent sous la pression des pliages. Mon corps est tendu à bloc dans l’urgence de terminer ce travail de protection. Douleurs lancinantes des muscles du corps qui me font stopper net l’ouvrage.
Je m’interroge sur cette lassitude qui m’envahit… Mais, comment pourrais-je me sentir mieux?…
Le temps d’une pause, je m’installe confortablement au soleil. Dans le silence environnant, je déguste un bon café au milieu du chant mélodieux des oiseaux et des parfums enivrants du printemps. Je reste ainsi détendue un long moment, tout en m’entendant dire: « Ahhh! Quel bien-être!! ».
« Bien/Être »= »Être/Bien »! Cette tonalité juste soufflée par ma bouche, à l’instant, me surprend.
Soudain, je vois combien j’ai meurtri ce corps sous la pression de l’urgence.
Mais, au fait, de quelle urgence s’agit-il, puisque chacun est confiné chez soi, en toute sécurité?
L’image me fait sourire! car je reconnais bien celle qui fonce tête baissée pour « faire » et non pour « être » – celle qui ne connaît pas ses limites pour sauver -celle qui en fait « des tonnes » (petit clin d’oeil).
Oui, trouver le rythme juste. Transformer le « je dois » en « je peux ».
Ainsi, « je peux » me remettre à l’ouvrage dans un rythme qui me correspond, sans tension, sans fatigue inutile, agrémenté par quelques poses bienvenues.
Les masques en tissu terminés, prêts à être envoyés, me donnent le sentiment d’avoir été utile dans l’aide mesurée.
Le sourire, le merci des miens sont ma récompense!
Conclusion.
Et, si ces masques sur la bouche nous envoyaient un message symbolique?:
– moins de bavardages extérieurs inutiles, vides de sens,
pour
– plus de paroles intérieures, de silence, de prières, d’idées créatrices pour un Monde Meilleur.
— à méditer…—
Annette