Solidarité avec Antoine… suite
ETRE JUSTE DANS MON AIDE ET ACCEPTER MES LIMITES.
Un chemin qui m’a obligé à rencontrer ma petitesse et à demander de l’aide pour la dépasser.
Automne 2021 : Des jeunes se sont installés sur le terrain municipal en face de la maison.
An début on a fait connaissance en leur offrant du café.
Quand le froid est arrivé, Antoine était seul. On lui a proposé à de venir dormir dans notre grande cave. Même si c’est sommaire, il a découvert un confort et surtout une sécurité. Il peut fermer la porte et protéger ses biens. Il reste sans ami évitant les groupes qui sont des occasions de dérapage qui peuvent finir au commissariat.
Il rêve de fonder un foyer mais c’est compliqué.
Cela fait presqu’un an maintenant.
Automne 2022 : Nous avons vécu des moments lumineux et des moments de dépassements des deux côtés.
Mais la vie me demande aussitôt d’aller plus loin. Pendant l’AG, je reçois un message de ma femme Claudine me disant que la police est venue à 8h pour arrêter Antoine. On ne savait pas ce qu’il était devenu. Comme nous n’avons pas de lien de parenté, il était impossible d’avoir des informations. Nous avons mesuré à quel point il comptait pour nous, notre envie de le lui faire savoir et de continuer à l’aider quoiqu’il ait fait.
Il venait d’avoir une embauche, il trouvait son équilibre et son destin vraiment lourd le reprend. Je suis rattrapé par ma révolte contre la dureté de la vie et que choisir le meilleur soit si difficile. Je trouve cela injuste. Cela remet en cause mon espoir d’un Dieu d’amour.
Face à la justice et à l’autorité, j’avais peur que les qualités de cet homme ne soient pas prises en compte.
Un mois après, nous avons été auditionnés par un commissaire. Nous avons alors appris qu’il était incarcéré en attente d’un jugement.
Ma difficulté à faire confiance à la loi des hommes me pousse à demander la lumière de mon ange pour savoir quelle vérité est bonne à dire. J’ai veillé à être vrai avec la crainte de lui nuire. J’ai pu témoigner de l’estime réciproque que j’ai vécue à son contact.
Que devient la relation avec lui ?
Nous avons demandé à avoir le droit de visite. C’est un engagement. Je retrouve ma peur d’être responsable.
Nous avons rencontré Virginie, l’aumônière de la prison dont nous avions lu le livre émouvant « entre les barreaux ». Elle nous a encouragés pour cette aventure.
Qu’est ce qui a fait que dépasser ma peur et m’engager soit devenu simple ? L’envie de l’aider me donne l’énergie d’accueillir en moi celui qui est emprisonné dans sa peur d’être une victime impuissante. L’aider m’apporte le soulagement de découvrir que j’ai la force en moi de ce dépassement.
Nous allons le voir tous les 15 jours. Nous sommes les seuls visiteurs qu’il rencontre et beaucoup d’autres détenus n’ont jamais de visite.
Comme j’y vais avec Claudine, je peux lui nommer mon intention et ma peur d’être débordé. Je peux partager mon admiration pour le chemin d’Antoine.
Ses pas impressionnants avec des hauts et des bas.
- Sa conscience que c’est rassurant pour lui d’être en prison. Il n’est pas confronté à l’insécurité de la rue et à son impulsivité quand il est angoissé.
- La messe hebdomadaire et sa lecture du bouddhisme. Il accepte de nourrir sa foi.
- Après la révolte, l’acceptation d’être emprisonné injustement à ses yeux
- Accepter de se remettre en cause et de se faire aider par le personnel encadrant de la prison quand il « pète les plombs ».
Mes dépassements
- La patience. Lui donner le droit au temps dont il a besoin en aimant « le petit insécurisé en moi ».
- Il m’offre le miroir de mon enfermement avec ma peur de me rencontrer, mes résistances à me connaitre.
- Je reconnais ma peur de ne pas ressentir l’amour de Dieu dans les épreuves et j’accepte d’ouvrir mon cœur à ce mystère pour retrouver la confiance.
- Je découvre mon envie de faire connaitre ce milieu d’humanité abimé.
Merci la vie d’avoir permis cette rencontre et de m’avoir donné l’énergie de répondre présent.