Je rentre du boulot encore sous le stress et la fatigue de ma journée et je n’aspire qu’à une chose : mettre les pieds sous la table et rejoindre mon époux et ma fille qui m’attendent pour dîner.
Et là tel un radar, je perçois dans le silence de la cuisine de mauvaises ondes…
Il suffit que j’observe la tête de mon époux pour comprendre qu’il y a de l’eau dans le gaz.
En effet, notre fille de 17 ans a des réactions et des commentaires souvent déplaisants ces derniers temps; l’adolescence dans toute son effervescence!
Et mon mari qui n’arrive pas à canaliser ses émotions, fait la gueule, encore!
Ah non pas ça !!!
Pas encore devoir gérer leurs conflits !!!
Pitié, pas encore faire face à leurs mutismes !!!
C’est tellement insupportable pour moi car c’est du vu et reconnu.
Tiens, oui ça me rappelle quelque chose mais je ne veux pas voir, c’est trop dur !
Alors en réaction je préfère prendre la fuite en allant faire un tour dehors et tant pis pour le dîner de toute façon, j’ai plus faim !
Et voilà, soirée foutue, petite guerre dans l’ordinaire.
Le lendemain soir, (ouf pour moi), j’ai pu participer à une rencontre skype marrains.
Cela tombait bien, car en témoignant de ma souffrance, j’ai pu voir où cela parlait de moi.
Il m’est revenu des flashs très douloureux.
Je me suis souvenue de la petite fille tellement sensible aux commentaires de son entourage.
Ah le voilà mon rendez-vous : j’étais une enfant timide, et complètement désarmée face aux moqueries de mes camarades d’école.
Et d’autant plus, que je rougissais comme une tomate à la moindre remarque, ce qui avait pour conséquences d’augmenter leurs sarcasmes.
Par peur de conflits, je préférais bouder dans mon coin et souffrir en silence.
Mon Dieu, comme ça m’a fait mal de me remémorer ces moments; mais merci mon ange car ENFIN j’entrevois pourquoi c’est si difficile pour moi de voir les miens faire la tête.
J’ai encore du chemin à parcourir, pour me prendre dans les bras, aimer cette petite et me donner le droit à ma misère.
Un pas après l’autre…
Suzanna