Quand Alain m’a demandé si je désirais le remplacer pour communiquer avec une jeune femme incarcérée pour 30 ans et qui n’a aucun contact avec l’extérieur, j’ai eu peur ! mais j’ai dit  » OUI « Sophie a donc reçu mon premier courrier auquel elle a répondu immédiatement. Elle me confiait ses rêves et son besoin de contact avec le monde « du dehors » comme elle dit. 

Me sentant trop petite pour combler ses désirs, mon ange m’a soufflé de proposer une correspondance régulière avec elle au groupe de Giorgio dans lequel je suis.

Très vite la valse des cartes postales aller et retour pour la prison s’est installée. Sophie ne cessait de nous remercier pour cet échange qui allumait ses journées.

Puis Sophie a exprimé son désir d’une visite, d’un échange en paroles directes. Demande entendue !

Après avoir obtenu une autorisation de parloir, je me suis retrouvée devant cet immense bâtiment entouré de hauts murs et de barbelés.

Au secours ! Comment communiquer avec Sophie sans me sentir piégée par ma panique d’enfermement ?

Mon ange, j’ai si peur de me sentir coincée entre ces grands murs, donne-moi la force de continuer stp !

Dans la petite cellule du parloir, j’ai vu arriver une toute jeune femme qui s’était mise toute en beauté. Quel honneur elle me faisait !

J’en avais les larmes aux yeux. Nous nous sommes embrassées, Mais comme il lui était difficile de s’abandonner elle qui n’avait jamais connu les bras d’une maman !

Elle me demande de lui parler de moi, je résume donc mon histoire qu’elle écoute très étonnée.

Après un temps de silence, elle décide de me raconter son parcours. Je découvre une personne complétement perdue, qui avance  » à tâtons « depuis son plus jeune âge.

Enfin elle me demande si je crois en Dieu et me confie ses interrogations.

L’heure est passée, on vient la chercher. Nous nous embrassons et je lui exprime mon envie de revenir, elle me dit qu’elle m’attendra.

Sophie m’a bouleversée par sa recherche de sens dans son monde nébuleux.

Elle est tellement mon miroir ! elle est la petite sœur perdue et errante que j’ai envie de rassurer !